[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Que nous le voulions ou non, que cela nous enchante ou nous effraie, nous sommes tous et toutes "responsables de nous-même". Qu'est-ce qu'on peut entendre par là? "Respondere" en latin, signifie "répondre de". Pouvoir "répondre de soi" est donc l'un des socles incontournables de celui qui est adulte (ou le devient au fil du temps, car l'on est parfois adulte très tard dans notre vie...).
Celui qui accepte cette "reponsabilité" voit automatiquement choir un certain nombre d'échappatoires auparavant bien commodes, mais reliés au monde de l'enfance inachevée :
- La plainte ou complainte systématique, dès que quelque chose ne va pas. (à ne pas confondre avec, ce que je défends ici bien souvent, le fait de savoir dire, honnêtement et en adulte, ce qui ne va pas et demande à être entendu). La complainte est un processus infantile, qui vise à rechercher auprès d'autrui l'assistance et le soutien que nous refusons de nous apporter à nous-même. Bien souvent, les "plaignants" sortent difficilement du cercle de la complainte, car alors cela signifierait pour eux "devenir enfin adulte", et donc "prendre leur part de responsabilité" en choisissant telle ou telle option pour sortir de leur mal-être. Et cela signifierait également, comble de l'insupportable, "de prendre enfin soi d'eux-même". Il est parfois bien plus commode de blâmer le monde que de regarder en face le fait que l'on ne veut même pas prendre soin de soi, en tant qu'individu méritant ce soin.
- L'oubli de soi au profit des autres. Autre échappatoire répandue, et bien illusoire, que celle-ci. Prendre soin des autres "parce qu'ils sont plus importants que soi", c'est oublier que soi est un autre comme les autres... Et le proverbe "charité bien ordonnée commence par soi-même" parle justement de cela, et non d'un quelconque égoïsme déguisé. Bien souvent, le profil des "Saint-Bernard" masque un profond refus de s'occuper de soi et de ses blessures. Pour éviter à tout prix de faire face à ces parts de soi-même que l'on croit (à tort !) être insurmontables, alors on érige l'autre en catalyseur total de nos énergies de vie... S'épuiser à "tout donner aux autres" c'est parfois être proprement incapable de se donner à soi-même. Grandir, en la matière, c'est apprendre à se donner du temps, de l'attention, et des soins. Comme on sait si bien le faire avec "tous ces autres qu'on aide".
- Le déport de sa propre responsabilité sur un autre que soi. Et ici, je peux parler en tant que kinésiologue, comme n'importe lequel de mes confrères travaillant en lien avec des gens venus chercher une solution à leur problème (médecins, kinésithérapeutes, sophrologues, acupuncteurs, assistantes sociales, éducateurs spécialisés, aide-soigants...) : il nous arrive invariablement d'être investis, par certains de nos clients, d'une aura de "sauveur". Au-delà de ce que cela nous renvoie sur notre rapport à l'égo, cela nous montre aussi à quel point certaines personnes sont prêtes à tout pour ne pas investir leur propre responsabilité envers elles-mêmes. "Docteur, dites-moi quoi faire...vous qui savez mieux que moi ce que j'ai..." Ces comportements relèvent eux aussi de restes infantiles non dépassés : nul autre que nous-même ne peut décider à notre place ce qui est bon pour nous, ou pas. Et au-delà des "spécialistes" du soin (médical ou para-médical), il nous appartient de ne jamais abdiquer notre capacité à choisir, librement, et en conscience. On peut demander un avis, mais en aucun cas demander à un autre que soi de décider pour soi. Et si la déontologie impose à celui qui se trouve investi du statut de "sauveur" de ramener l'autre à sa propre responsabilité décisionnelle, celui qui essaye ainsi de se défausser gagnerait quant à lui à accepter, enfin, d'être "capitaine de son propre bateau".
Au fil du temps, apprenons donc à grandir. En prenant en main nos choix, en étant acteur, décideur, et responsable de nos choix, quels qu'ils soient. Décider d'entamer un projet, choisir de demander une aide, prendre plus de temps pour soi : assumons donc davantage nos décisions, et nous verrons alors, que les fruits qui seront au bout de ces choix nous bénéficieront pleinement, car ils seront légitimes et mérités. Et nous valons tous et toutes cette concession à l'enfance, car elle nous ouvre à un monde toujours riche de ses apprentissages, mais vaste en terme de chemins et de possibilités.
Je vous souhaite une bonne journée,
Gaëlle