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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](non, ce n'est pas MON histoire
Mais j'ai trouvé fascinant...)
Il a parfois des situations, ou des événements qu’on ne comprend pas bien; tout simplement parce qu’ils échappent à notre tête; mais à y bien réfléchir tous cela pourrait bien avoir un sens.
Alors que ces derniers jours je me décarcasse à comprendre pourquoi, si ma voie est réellement celle de la spiritualité, me voilà avec une super promotion tombée toute crue dans l’univers impitoyable du haut capitalisme, à oeuvrer pour une multi-nationale richissime qui ne souhaite qu’une chose : être encore plus riche ! (Dallaaaaaas ! Pas loin jvous jure!). Franchement pour moi ça n’a aucun sens. D’autant que ces derniers mois je m’y suis totalement désinvestie, j’ai découvert les 9h30 / 17h royalement payé, ce qui me laissait pas mal de temps pour mes loisirs… Et notamment, la médiumnité et spiritualité. On ne peut donc pas dire non plus que j’ai cherché à l’attirer à moi. Pour couronner le tout, me voilà projetée au minimum 1 à 2 jours par semaine dans la ville de mon *** de dernier “amoureux” (avec qui je vous rappelle j’ai totalement coupé les ponts). Dans le genre je tourne la page, j’adore !
Franchement, qu’est ce que je viens faire là ??
En ce 30 janvier 2012, me voilà à attendre ma collègue sur le bord du quai Gare de Mulhouse, son TGV doit arriver d’une minute à l’autre. Brrr, mais pourquoi cette année fait-il si froid? En 3 minutes, je ne sens déjà plus mes doigts. Bientôt me voilà me demander si je tiens encore sur mes pieds tellement ils semblent inexistants de froids sous mes jambes. Pourtant la neige qui tombe sur les voies est belle, comme le message des anges sur une vie trop triste.
Ah là voilà, super on va pouvoir enfin aller visiter ce site de Colmar que je n’ai encore jamais eu l’occasion de voir! C’est fou, à chaque fois que je programme une visite là bas, elle est annulée pour diverses raisons. Ce matin encore, ca a été une lutte pour y arriver. Après une visite initialement prévue le 12 janvier, nous avons programmé ce 30 janvier. Alors que cela ne m’arrive jamais, je rate mon TGV de la première heure, j’ai alors pris le suivant. Ma collègue qui venait en voiture a dû la laisser à Metz pour monter dans un TGV, tellement la neige tombait. Mais là voilà enfin qui arrive tout sourire…
Après une visite éclair sur site de Mulhouse, nous reprenons le train direction cette fois Colmar. Alors que je descends du train, je grelotte. Quelle idée de venir dans l’Est en plein hiver de déluge me dis-je. Brrr et quelle ambiance, le site que je dois visiter est dans la gare. Gare qui porte encore les stigmates d’une guerre dure et violente. Les passages souterrains sont encore ouverts, lugubres, pas éclairés, vous menant on ne sait où au milieu d’un champs, pour fuir les “schleu”. Alors que le chef de gare me raconte ses histoires, je grelotte de plus belle. Je vais aller demander un thé sur le site…
Immédiatement, la tête me tourne et j’ai l’impression que le serveur est d’une lenteur à faire pâlir un loir, comme un zombie programmé. Ce site est vraiment sinistre, mal éclairé, tout le monde à une tête de 3 pieds de longs. Mais voilà le responsable de site qui s’en vient vers moi. Celui-là même à qui j’ai du remettre les points sur les “i” et les barres sur les “t” très violemment, tellement son management est lui-même violent. Après 3 prudhommes pour harcèlement, visiblement cela ne semble pas le heurter le moins du monde. Il est comme sourd est aveugle dans un monde à part, il ne m’entend pas. D’ailleurs, tous ont l’air dans un monde à part…
Ma collègue me propose alors d’aller visiter l’ensemble du site. Et là démarre vraiment l’histoire, celle que je n’avais pas vu venir, celle que m’a tête n’a pas vu venir plus exactement, pourtant il y avait des signes évidents… Ce qu’il faut savoir c’est que dans les anciens Buffets de Gare, à l’époque, haut lieu de gastronomie avant de prendre son train exclusivement réserver aux riches, les buffetiers dormaient là avec leur famille. Ils étaient chez eux, la Gare était la leur, et tout ça dans un brouhaha permanent entre les clients, la famille, les agents de gare, les tripos et autres résistants…
Alors que nous montons un grand escalier semblable à celui de la famille Adams, la lumière s’éteint : une minuterie ! Evidemment il faut que ce soit maintenant. En montant je découvre que le chauffage est à fond mais que je grelotte toujours. Les appartements et anciennes cuisines sont restés tels quels. Les casseroles sales toujours sur le feu dont on croirait qu’il pourrait se rallumer d’un instant à l’autre. Les anciennes nappes blanches en lin attendent toujours près de la laverie pour le lendemain, les crochets de boucher dans l’ancienne chambre froide sont toujours là, le monte charge contient encore des plats sales desservis… Un décor de film mais en vrai. Pourtant je vois comme en filigrane dans ma tête ce décor prendre vie, je pressens le tempo qui pouvait regner ici et qui s’est comme arrêté du jour au lendemain, sans crier gare. Mais surtout une angoisse me monte, je me sens mal, j’ai l’impression d’être suivi, qu’un souffle court se projette dans mon cou. Je me retourne sans arrêt, ma collègue me précède. Pourquoi personne n’a rangé tout ça, je ne sais pas…
Au deuxième étage, c’est pire, on retrouve des anciennes chambres avec encore leur literie, visiblement un cérémonial a eu lieu là. Des bougies, des images mystiques. Soudain une porte claque, et un grand courant d’air fait sonner les gamelles et crocs de boucher ici ou là…
L’ambiance est à couper au couteau, morbide à souhait. Alors que nous redescendons, j’en fais part à ma collègue sur le ton de l’humour :
- “waa c’est horrible ici, brrr, tu as raisons descendons, j’ai trop peur de croiser un fantôme du passé tellement tout est resté en l’état!“.
Elle me répond alors :
- “bah tu ne crois pas si bien dire, juste là où tu es, l’ancien proprio s’est pendu au croc de boucher au dessus de toi!“.
- “QUOI???“ Et en baissant les yeux je me rends alors compte que les trois dernières marches de l’escalier ont visiblement été refaites. Elles sont nettement plus claires.
- “Et oui nous avons du les changer” dit-elle en soupirant.
A ce moment là, je saisi mon portable pour prendre une photo du lieu (pensant à mon petit blog adoré, et curieuse de ce qu’elle pourrait rendre!). Sauf, que là d’un coup, je vois le responsable de site arriver vers nous en furie d’être monté sans lui, me conseillant de ne pas prendre de photo maintenant, son assistante arrivant et étant la nièce de l’ancien proprio…
Hou punaise ! Cette histoire commence vraiment à prendre un sens nouveau pour moi. Il me faut désormais composer avec les vivants ET les morts pour une gestion optimale de mon personnel sur ce site. Ca se corse !!
Alors je décide de prendre tout le monde en réunion extraordinaire dans la salle du Buffet pour passer en revue toutes les problématiques. Après quoi je prends en entretien (“one to one” comme on dit dans le jargon) le responsable de site pour lui parler comportements conscients et inconscients de sa gestion de crise et enfin le faire parler de lui (le but : le faire retrouver un semblant de vie derrière la carapace du mort! Parce que je crois pressentir qu’il se sent le gardien du temple : lieu glauque à souhait).
Le soir arrivant je retourne à mon hôtel sur Colmar, je dors assez peu car je me demande bien ce que je vais pouvoir faire avec cette situation. En effet, je n’ai rien pris dans mes affaires pour cela (encens, pierres, sauges) et je ne me vois pas méditer en plein milieu du site et des salariés. Néanmoins, une petite voie intérieure me susurre d’y retourner. Quand j’essaie de chercher pour y faire quoi, comment. Rien ! Dans tout les cas, ma difficulté à trouver le sommeil me permet le lendemain d’être à 7h30 pétante sur le pont pour repasser sur le site avant de m’en aller visiter d’autres… Alors que j’arrive, je retourne vers l’escalier ne sachant pas vraiment quoi faire mais au moins y aller. Je regarde le croc en face. Rien de spécial ne se passe en réalité, j’ai juste l’impression cette fois d’avoir très chaud, de rayonner, comme si je consommais beaucoup d’énergie (à ne rien faire!).
Et puis il est déjà temps de repartir…
Vous me croirez ou non, en ce dimanche 12 février 2012, tout a changé sur le site. Cette semaine le responsable de site m’a demandé un arrangement à l’amiable pour quitter l’entreprise. Chose que je me suis empressée d’accepter. L’assistante est désormais en arrêt de travail, suite à une opération chirurgicale impromptue, elle est en convalescence pour 3 mois… Nous avons reçu pas mal de candidatures pour remplacer, alors que jusque là c’était le néant. Et la sncf envisage de reprendre les éléments restés en l’état dans les appartements.
Moralité : ne me demandez pas ce que j’ai fais ou pas, ce qu’il s’est passé et comment. Je n’en sais fichtrement rien. Hormis que le week-end qui a suivi, je suis tombée malade, une angine de plus, comme pour tousser des années de poussières emmagasinées.
Il y a vraiment parfois où la tête ne sait pas mais où quelque chose d’autre sait pour vous. Ce n’était pas hier que je devais y aller, ni demain, c’était à cet instant précis. Ce n’était pas avec des grigris qu’il me fallait regarder droit dans les yeux les vivants et les morts. Parce qu’il a suffit d’un regard pour que tout change. Il a suffit que je sois moi-même, et là ce jour. Parce que parfois il suffit d’être soi pour que le monde vous réponde, parce qu’un arc en ciel n’arrive que lorsqu’une éclaircie croise la pluie, se lovant l’un dans l’autre… Parce que votre âme se reflète dans votre regard, sachez cultiver votre plus beau cadeau, vous-même !
Je vous embrasse,